Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

MARAT INCONNU 213

Adresse aux Français (1), qu'elle a libellée la veille.

La jeune fille demande à parler à Marat, et s'informe s’il a reçu sa lettre. En présence des réponses embarrassées de la portière de la maison, la citoyenne Aubin, Charlotte veut passer outre. Mais la concierge l’arrête dans l’antichambre. Survient Simonne Evrard, qui lui barre le passage dès qu'elle a reconnu dans la nouvelle venue la visiteuse du matin (2).

Marat, qui, à ce moment même, prend son

(1) V. l'Autographe, 1864, pp. 178-179.

(2) Au moment où Charlotte discutait avec la portière, arrivait un jeune homme qui entendit toute la conversation. C'était M. Pillet, devenu depuis le chef de l’un des principaux établissements typographiques de Paris, et le fondateur du Journal des Villes et des Campagnes. Il venait présenter une facture à Marat, et accompagnait le nommé Laurent Bas, commissionnaire. Ce dernier se tenait ordinairement au coin de la rue des Cordeliers, et aidait fréquemment à l'expédition du journal l'Ami du peuple. Il avait l'habitude d'en remettre les premiers exemplaires chez le ministre de la guerre. Bas apportait

‘ ce jour-là une charge de papiers provenant des magasins de M. Boichard, devenu plus tard le beau-père de M. Pillet, et destiné à l'impression de la feuille de Marat, qui se faisait chez l'auteur lui-même. On fit entrer M. Pillet, Marat était dans le bain. Tout en examinant la facture, il pria le jeune homme d'entr'ouvrir la fenêtre du cabinet, puis il approuva le compte et le lui rendit.

M. Pillet est la dernière personne qui ait parlé à Marat, avant que Mlle de Corday ne soit introduite auprès de lui. (V. l'Autographe, loc, cit., p. 180.)