Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

MARAT INCONNU 13

un caveau, dans un souterrain, dans un cachot sombre:

Une fois, dit son ami Panis, il a passé « six semaines assis sur une fesse » comme un fou dans son cabanon, seul à seul avec son rêve. Rien d'étonnant si à ce régime son rêve s’épaissit et s'appesantit, s’il se change en cauchemar fixe ; si dans son esprit renversé les objets se renversent, si mème en plein jour il ne voit plus les hommes ni les choses que dans un miroir grossissant et contourné ; si, parfois, quand les numéros sont trop rouges, et que la maladie chronique devient aiguë, son médecin veut le saianer (1) pour arrêter l'accès et en prévenir les redoublements. »

La tirade est d’une belle venue, et ses conclusions mitigées font quelque peu oublier l'indiwnation feinte, mais les erreurs bien réelles des premières lignes. L'écrivain se laisse égarer par sa passion, et surtout ses haines irraisonnées. Comme tous les paradoxaux, il a les conceptions étranges qui déconcertent et les assertions hasardeuses qui désarment.

Comment prendre au sérieux l'opinion de l'homme qui n'hésite pas à écrire, à la suite d’une étude, en apparence si fouillée : « Un chef d'État

) Michelet, Hist. de la Révolution, I, 89 (raconté par

M. Bourdier, médecin de Marat à M. Serres, le physiologiste). Note de M. Taïne.