Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

MARAT INCONNU 261

Simonne, alors âgée de vingt-six ans, consentit à consacrer sa petite fortune à la publication du journal l’Ami du Peuple. Elle donnait ainsi un noble exemple d’abnégation et de dévouement dont l’histoire ne lui a pas tenu suffisamment compte.

Bien qu'elle n'ait jamais contracté avec Marat qu'une union naturelle, elle n'en mena pas moins une existence digne, à l'abri de tout reproche. Pourquoi dès lors lancer ces accusations, pourquoi insulter gratuitement à la douleur d’une femme, à qui ne restait aucun moyen de défense? C’est ainsi que s’écriait dans sa haine aveugle le contre-révolutionnaire. Henriquez : « Marat avait pour déesse une de ces femmes vendeuses de voluptés, qu'une loi sage défend d’avouer pour épouse... Zci je m'arrête de peur de me tromper. Est-il vrai que Marat ait été marié? Est-il mort dans le concubinage? S'il était marié, que d'outrages faits à la foi conjugale! S'il ne l'était pas, c'est sans doute un conte que l’on à fait au peuple, quand on lui a dit que la République fait une pension à laveuve de Marat (1). >»

Marat n’était pas marié, rien de plus exact. Mais ce qui ne l’est pas moins, c'est que Simonne n'obtint jamais la pension à laquelle elle avait pour-

(1) Henriquez, Dépanthéonisation de Marat.