Marie-Antoinette et l'intrigue du collier

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ET L'INTRIGUE DU COLLIER. 19

recevait souvent de Vienne des remontrances dont la source ne pouvait lui demeurer longtemps cachée; et c’est à cette époque qu’il faut rapporter l'éloignement qu’elle n'a jamais cessé de témoigner au prince de Rohan. »

Un trait bien connu vint combler la mesure. L’ambassadeur, suivant ses instructions secrètes, devait faire connaître à Louis XV les particularités les plus intimes du caractère et de l’intérieur de MarieThérèse. Dans une lettre particulière, séparée de la dépêche officielle, et adressée au ministre d’Aiguillon, pour être communiquée au roi seul, il représentait spirituellement l’impératrice tenant d’une main un mouchoir pour essuyer les larmes qu’elle feignait de verser sur le démembrement de la Pologne, tandis qu’elle étendait l'autre main pour concourir au partage. Rien n'était plus piquant et plus vrai, mais pour un ambitieux, il n’était pas prudent de le dire.

Le duc d'Aiguillon commit l’indiserétion perfide de communiquer cette lettre à Me Dubarry, qui la lut à haute voix à l’un de ses soupers. La dauphine en fut instruite, et sa haine personnelle s’envenima d’un ressentiment de famille. Il faut ajou-