Mémoire sur la Bastille

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la remplacer par une pareille quantité de poudre de guerre. M. le marquis de La Salle, qui suppléoit à M. le marquis de La Fayette, signa un ordre pour que cette poudre inutile et embarrassante fût promptement transportée à Essonnes ; on devoit en rapporter d’une qualité supérieure, et en même quantité.

Des soldats citoyens escortent le bateau chargé de cette poudre ; mais, le 5 août 1789, il fut arrêté par les habitans du port Saint-Paul.

Toujours préoccupés des mêmes préventions, et dont nous avions manqué nous-mêmes d’être les victimes, ils se figuroient que ce transport ne pouvoit être que l’effet d’une perfidie ou d’un complot.

Ce grand procès commença avec une violence telle que le lendemain, à six heures du soir, plus de quatre-vingt mille hommes, rassemblés autour de l'Hôtel de ville, demandoiïent la tête de celui qui, de leur propre aveu, avoit l’un des plus contribué à nous sauver tous, trois semaines auparavant. D'ailleurs, on faisoit des motions au PalaisRoyal et dans plusieurs cafés. Les imaginations ardentes de quelques-uns de nos collègues leur représentoient déjà les ombres sanglantes des Foullon et des Bertier errant dans notre salle.

Quelles que fussent nos représentations, nous ne pûmes jamais faire comprendre à la multitude