Mémoire sur la Bastille

ANECDOTES ET CITATIONS 277

récompenses, que les honneurs accordés par la municipalité à leur hardi patriotisme ne seroient bientôt plus que des honneurs secondaires.

Faut-il être surpris qu'avec tant d'artifices ils aient subitement changé l’opinion de la multitude, et que le public séduit n'ait plus regardé que comme des usurpateurs et des aventuriers de bons citoyens qu’il avoit si souvent applaudis, recome mandés, et dont il avoit sincèrement déploré le sort, aussi injuste que rigoureux?

Dès lors il ne fut plus question dans Paris que de faire révoquer le décret, ou d'en venir aux mains. L'enfer s’en réjouit, en tressaillit!

Ce feu, soigneusement attisé par les infatigables ennemis de la constitution, par ceux qui ont juré de la détruire, alloit allumer un incendie qui, de proche en proche, pouvoit embrasertoute la France, car c’est là ce qu’ils veulent et voudront jusqu’au dernier soupir.

Cependant nos chefs les surveilloient, et nous avions soin de les instruire d’un moment à l’autre des progrès de cette sourde commotion, mais telle que la ville separtageoit en deux factions. « Hätez-vous, disoit-on, déjà l’on montre secrètement, on offre de l’or et des poignards. »

Il n’y avoit pas une heure à perdre : la moindre hostilité pouvoit occasionner un grand carnage. On savoit cependant que les vainqueurs, habitans