Mémoires sur la Révolution française

APPRECIATION CRITIQUE 929

ment ou à tout autre; je ne suis plus sous le charme. On n’a pas à craindre cet inconvénient avec madame Elliott, M. de Baillon s’est borné à la traduire, et il l'a fait en homme d'esprit sans doute et en homme de goût, mais en la laissant d'autant plus elle-même, d'autant plus naturelle, tellement que ce livre a l'air d’avoir été écrit et raconté sous sa forme originale en français. Et c’est bien en français qu’il a été senti, si je puis dire. Quand madame Elliott éprouvait toutes ses émotions, ses indignations, ses loyales colères, elle n’en allait pas demander l'expression à sa langue maternelle; elle répondait à l’injure dans la même langue, elle avait son cri en français. El c’est cette parole vive et jaillissante qu’elle a retrouvée, grâce à son fidèle interprète. Qui, c’est bien ainsi, à supposer qu’au lieu d'écrire pour Georges III elle se se füt adressée à l’un de ses amis de France, c'est ainsi que les mots auraient sauté de son cœur sur le

papier.