Mémoires sur la Révolution française

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Ne lui demandez pas d'être raisonnable, elle est passionnée. Altachée au duc d'Orléans par une amitié qui survivait à un premier sentiment déjà entièrement éteint, elle nous montre d’abord la Révolution presque uniquement par ce côté du Palais-Royal et de Monceaux. Deux jours avant la prise de la Bastille, le 2 juillet, elle était à dîner au Raiïncy, chàteau du prince. En revenant le soir à Paris pour aller à la Comédie-lialienne, on trouve la ville en combustion. Elle supplie le duc d'Orléans de ne pas traverser ostensiblement la ville, et elle lui offre sa voiture : « J'avais cru d'abord, dit-elle, que le due voulait se montrer à la foule, et qu'il avait réellement le projet de se créer un parti en agissant ainsi; mais je ne vis jamais une surprise moins feinte que celle qu’il montra en apprenant tous ces événements. Il monta dans ma voiture et me pria de le faire descendre au Salon des Princes, club fréquenté par toute la noblesse, où

il espérait rencontrer des gens qui lui donneraient