Mémoires sur la Révolution française

246 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT

viron après la mort du roi; le duc d'Orléans était en grand deuil, comme elle l'était elle-même. Elle ne put s'empêcher tout d’abord de lui jeter à la face la pen_sée dont son cœur était plein, et de lui dire qu’elle le supposait en deuil apparemment de la mort du roi: il sourit d’un air contraint et dit qu’il était en deuil de son beau-père, le duc de Penthièvre. Elle fut impitoyable et retourna le poignard en tous sens. « Je présume, dit-elle, que la mort du roi a hâté la sienne, ou peut-être est-ce la manière cruelle dont son procès a été mené, et voire vote pour sa mort. » Il lui répéta dans cette conversation ce qu’il lui avait dit tant de fois : « Je connais ma position : je ne pouvais éviler de faire ce que j'ai fait. Je suis peut-être plus à plaindre que vous ne pouvez l'imaginer. Je suis l'esclave d’une faction plus que personne en France; mais laissons ce sujet ; les choses sont au pire.» Il croyait, en détournant les yeux du danger, l’ajourner un peu, et,

il allait, en marchandant le plus qu'il pouvait, et 16