Michelet et l'histoire de la Révolution française

MICHELET. — HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE 9

dépasse certainement la durée de ma vie active (1), sinon de ma vie? {et encore dans ce cas rien de ma philosophie de l'histoire, ni du cours de 1842 sur antiquité, ni de l'essai sur l'histoire des religions, 1834 ; rien des origines du peuple, 4839, ni de l'histoire da droit ; rien du cours de 1838 sur Paris et le moyen âge).

&IL faudrait, de bonne grâce, compler avec la nature, admettre les chances probables, c’est-à-dire serrer pour finir :

4° Dans un volume :

La philosophie de l'histoire comme résurrection : art de ressusciter : le peuple ressuscité dans l'antiquité et le moyen age: où seraient repris les six premiers volumes de l'Æistoire de France ;

20 En trois volumes :

La résurrection en acte, les trois derniers siècles. Quatre volumes en huit ou dix ans ?

«Je relis dans la préface du lome XXII de notre honnête Sismondi qu'il avait voulu donner toute l'histoire jusqu’en 1789 en 24 volumes ; mais il en a consacré sepl au xvie siècle. »

Michelet ne se rompait pas en prévoyant qu'il n’arriverait pas à condenser en {rois volumes les xvié, xvire et xvin® siècles, car, quand il reprit son œuvre en 1855, bien qu'il ne lui ait nullement donné la précision érudite des tomes II à VI relatifs au moyen âge, il lui fallut onze volumes pour aller de Charles VIII à 4789.

Aussi, bien qu’il continue de mars à juillet 4844 à travailler à son seplième volume qui devail traiter de la Renaissance, et même ait porté, le 31 juillet 1844, à l'imprimerie, la partie relative à Charles VIIL (qui ne devait paraître avec le reste du volume qu'en 1855), il s'en désintéresse bientôt et se sent invinciblement attiré vers l’époque moderne el la Révolution par le mouvement même de ses cours au Collège de France.

Les deux volumes qu'il publie en 1845-1846, avant de faire paraître en 4847 l'Histoire de La Révolution, Le Prétre et le Peuple, sont comme deux introductions à la Révolution, l’une sur la question religieuse, l’autre sur la question sociale.

En 1843, il avait voulu exposer dans son cours ses idées sur l’évolution du moyen âge, avec la pensée d'écrire ce volume de généralisation philosophique, qui devait être la préface des trois volumes où il voulait condenser l’histoire des xvie, xvu et xvrnre siècles. Il avait montré le rôle éducatif joué par l'Eglise dans la formation de la nationalité française, la noblesse de l'idéal du moyen âge et l'impossibilité où il avait été de le réaliser. Il avait aussi montré dans le triomphe du Jésuitisme la ruine définitive de l'idéal chrétien et social du moyen âge.

Dans l'hiver de 1844-1845, il continue son cours dans la même direction d'idées, en traitant du role philosophique et religieux de la France et de l'attitude prise par la France vis-à-vis de Rome. Les lectures qu'il fait pour son cours, les pensées qu’elles lui suggèrent, l’amènent à écrire son livre : Le Prétre, la Femme et la Famille, qui est dans sa pensée la suite

(1) Geci nous fait sourire. Il ayait alors 45 ans et avait encore trente ans de production littéraire devant lui.