Oeuvres diverses, S. 232
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la philosophie spiritualiste des modernes, cette farcé de haut style où le gladiateur du Portique tombe avce grâce sous les arguments de la foi.
M. Jules Simon est de cette école luerative, ct jamais parenté ne s’est inscrite en caractères plus irrécusables. D'abord c’est l’air de famille, physionomie pateline ct souriante, ton onctueux avec une teinte de maniéré, déluge de phrases édulcorées où se noie le lecteur, même dédain de la science, je dirai plus, même tactique.
Comme ses ancôtres, M. Simon sait donner l’accolade aux idées qu'il livre, souffleter les morts sous couleur de les défendre et jouer au naturel la défaite de la raison aux pieds de la foi.
Pour dernier trait de ressemblance, Jules Simon s'adresse au public du père Cotton et du père Droullet, à ces chères et tendres pénitentes, Madeleines sensibles toutes prêtes à verser des vases d’aromates sur les bottes vernies du philosophe ou les sandales du Dieu ; femmes inoccupées et oisives, patitos et sigisbés ; monde d’afféteries et de sornettes où une idée ne pourrait vivre faute, d’air : la rêverie tue la réalité, comme les nerfs, le sentiment. Ce monde, puisqu'il s'intitule ainsi, prend son lustre pour un soleil, adore l’anachronisme, du moins en tant qu'il s’agit des choses de l’esprit, et les plus frêles créatures, qui ne reculeraient point à l’occasion devant le fouet de Juvénal, tombent en syncope en face d’une œuvre mâle; c’est à cette société amoureuse du convenu et du médiocre, ennemie née de l'élan et de l’originalité, que M. Simon dédie ses livres sans passion et sans sève, sa morale cfféminée, sa philosophie élastique qui s'adapte à toute superstition, sa liberté de conscience qui musèle et enchaine la conscience; enfin le monstre lui-même, le socialisme, griffes coupées, dents limées, orné de joujoux et de rubans dorés et apprivoisé comme un king-charles sur un canapé de petite maîtresse.