Oeuvres diverses
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amis les libéraux sont au pinacle, ses nouveaux frères les royalistes le pressent dans leurs bras; ses bons pères spirituels, les prêtres, le bénissent ; les juges de LouisPhilippe le morigènent. Il a des discours. Il paie les 4 centimes. « Le peuple, dit Garnier-Pagès, s’acharne à détruire sa propre souveraineté. » C'est que voilà l'échéance des trois mois de misère acceptés par le gouvernement provisoire pour le salut des hautes castes. Le canon et la mitraille règleront les comptes de la République. Le droit au travail ira s’exercer en Sologne, en Algérie, voire même de l’autre côté de l'Océan.
Ces doux pensers berçaient les hommes du pouvoir. Déjà, lors du drapeau rouge, Arago, ce savant qui, comme Bailly, fourvoyé dans la politique, finit comme lui par prendre goût au sang, Arago disait à ses adversaires : « Appelez vos adhérents, je ferai battre le rappel et nous déciderons la question à coups de fusil. » Des délégués nantais étant venus solliciter un emprunt auprès de la commission exécutive, pour payer leurs ateliers nationaux, on leur répondit : « Si vous ne pouvez pas en sortir, faites ce que nous allons faire ici. Tirez des coups de fusil (1). »
(1) Rapport de la Commission d’enquête. Déposition de F. Arago. Au reste il était difficile de se faire illusion sur ces hommes. Jamais Arago ne fut un républicain. En 1*48, il adressait la proclamation suivante aux électeurs du XIIe arrondissement: « Je déclare que le gouvernement monarchique et héréditaire est, suivant moi, le seul qui puisse prendre racine en France et y fructifier. Je suis convaincu que le pays serait exposé à mille agitations sous un chef électif. Si j'ai l'honneur d'obtenir vos suffrages, je combattrai donc à la Chambre toute mesure qui me paraîtrait conduire à ur gouvernement républicain.» (Imprimerie de la Veuve Thuau, rue du Cloître-Saint-Benoît, 4). Son continuateur, Emmanuel, a déclaré, dans une lettre publiée dans tous les journaux à grand renfort de tam tam, que la vie de son père était indivisible à ses yeux. Nul doute qu’il ne l'accepte sans bénéfice d'inventaire.