Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

194 DÉTAILS SUR LA SOCIÉTÉ D'OLTEN

meur qui exige tout, et ne se prête à rien), on a transporté la société à Offen, ville catholique, et dont la position est à peu près aussi commode que celle de Schkinschnach.

Lorsque j'arrivai à Offen, il n’y avait que trente personnes, et quoiqu'il ne füt que onze heures du matin, déjà l’on était à table. L’aubergiste me mena au bout de la grande rue dans un vaste grenier où se trouvaient ces messieurs. Vainement lui observai-je qu’en ma qualité de piéton, je n’étais pas encore présentable. En effet, si mon costume était commode, il n’était pas magnifique ; une veste de toile bleue rayée, un pantalon de la même étoffe et point de bas, voilà quelle a été toute ma toilette pendant quatre cents lieues que j'ai faites à pied. Bah! dit-il, tout ça ne fait rien pour des Suisses. J’allai prendre place à la longue table. Mon premier soin fut d'observer les figures : il y en avait d’excellentes. J'avais à ma droite un énorme ministre du canton de Bâle, vrai cochon, grosses lèvres, col enfoncé dans les épaules ; quand il voulait regarder son voisin, il commençait par fermer les yeux, puis il les rouvrait tout grands et vous fixait avec le dessous de l’œil. À côté de lui était un