Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

210 DÉTAILS SUR LA SOCIÉTÉ D’OLTEN

deux ou trois pieds pour une créature raisonnable. De toutes ces lectures que je ne crains point de condamner à l'oubli, j’excepterai cependant celle qui fut faite par le ministre Bridel, jeune pasteur de Bâle, rempli de talents et de facilité. Il lut une pièce de vers en français, langue que parlaient un peu les assistants, mais que personne n’entendait. Seul parmi les orateurs de cette séance, il fut applaudi à tout rompre. Il est bien sûr cependant qu'aucun ne comprit sa pièce : ni les beautés, ni les défauts n’en furent aperçus, mais le poète avait eu l’art de chanter l’Æelvétie, 11 leur faisait sonner les exploits de leurs pères, leur vaillance, leurs vertus, ils prirent tout cela pour eux, ils s’applaudirent avec transport ; enfin, après le diner, ils s’emparèrent du ministre Bridel, l’exhaussèrent sur une chaise, et le couronnèrent de fleurs, scène qui ne se passa pas sans hurlements à la manière du pays.

Le reste de mon séjour à O/fen ne mérite pas d'être raconté, si ce n’est une promenade que nous fimes à une lieue de la ville au château d'Arbourg, vieille masure inhabitée, située sur