Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

DÉTAILS SUR LA SOCIÉTÉ D'OLTEN 211

une haute montagne couverte de bois. Nous étions une trentaine. On eût dit une colonie marchant à quelque conquête. Un jeune homme à tête tondue, bibliothécaire de Berne, M. Wagner, et qui avait plus de six pieds, fut nommé le grand gymnasiarque de notre émigration. Il était deux heures après-midi et le soleil était ardent, Ce grand diable nous mena à travers les bois, les rochers et les précipices. Jamais route ne fut plus pénible, quoiqu'il nous assurât qu’elle était la plus courte. Plusieurs de nos soldats restèrent à moitié chemin, rendus, essoufflés. Pour faire un pas il fallait s’accrocher d’an arbre à l’autre; la montagne était elle-même comme un grand arbre aux branches duquel il fallait monter. Ce supplice dura plus d’une heure, au bout de laquelle nous nous trouvâmes sur le bord d’un abîme opposé à notre route, et presque aussi peu avancés qu'au commencement. Le grand gymnasiarque fut déposé. On en choisit un autre qui nous tira d'affaire. Mais il aurait fallu aussi un échanson. Nous ne trouvâmes à ce vieux château que de l’eau et des noix; c'était bien peu pour des gosiers aussi affamés, aussi altérés que les nôtres. Avant que