Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

230 ÉLOGE D'ATHANASE AUGER

quelque sorte, la fidélité de la langue française, celle de toutes cependant dont les analogies se prêtent le plus heureusement à recevoir dans ses moules les formes helléniques. Quelle médiocrité ! quelle sécheresse ! quelle effrayante multitude de crimes oratoires! Tourreil, qui n’échappe à aucun contresens, eut, comme on salt, la stupidité de vouloir donner de l'esprit à Démosthène. Millot s’énonce comme un homme qui ne se douterait pas du grec, et traduirait sur du latin. L'abbé d’Olivet semblait l’amoindrir et le dessécher pour l'éducation du Dauphin. Auger seul lui rendit sa véritable physionomie ; il lui rendit cette âme orgueilleuse et sensible, qui porte en elle toute la dignité et toutes les douleurs de la patrie; ce mouvement général sans lequel il n’est point d’éloquence populaire, où les rapports accessoires serrés fortement, et roulant de haut dans des périodes qui compensent l’étendue des idées par la précision du style, entrainent l'auditeur, et couvrent des pages entières de sentiments et de magnificence. Jamais, surtout, il ne négligea d’égaler, au moins par ses efforts, cette beauté, cette perfection continue du langage, ce mécanisme heureux, si familier à