Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

ÉLOGE D'ATHANASE AUGER 231

l'orateur, qu'il ne pouvait pas même cesser d’être élégant dans les apostrophes les plus impétueuses, dans les sorties les plus véhémentes ; mérite plus rare qu'on ne pense, parce qu'il tient à un genre d'esprit particulier, et principalement à l'adresse, qui est le don de multiplier la force en la distribuant ; mérite que J.-J. Rousseau paraît seul avoir éminemment possédé parmi les modernes ; et que celui de tous les anciens qui a le mieux connu les principes d’un art dont il a laissé tant de modèles, Cicéron, ne se lassait point d'admirer dans Démosthène : « Sa « foudre écraserait moins, disait-il, si elle n’é« tait lancée par tout le nombre oratoire. » L’abbé Auger plaça, pendant dix ans, toutison bonheur dans Démosthène. On chercherait vainement à se faire l’idée des peines incroyables qu’ilse donna pour amener cet ouvrage au degré où il est aujourd’hui. Il étudia dans tous leurs replis, les constitutions des Grecs, leurs gouvernements, leurs lois, leurs usages, leurs mœurs. La géographie même de l'Attique, ses villages, et jusqu'à ses ruisseaux, s’embellissaient à ses yeux d’une importance antique et presque religieuse. Il consulta toutes les éditions, tous les