Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

232 ÉLOGE D'ATHANASE AUGER

manuscrits. Ce ne serait rien de dire qu'il traduisit et relraduisit plus de trente fois, peut-être, chacun des discours de Démosthène et d’Eschine, de cet Eschine assez heureux, après avoir été vaincu par Démosthène, pour que la postérité l'appelle encore son rival. Mais, ce qui est vraiment remarquable, c’est qu’au bout de plusieurs années, lorsque lui seul pouvait avoir le secret de quelques-unes de ces imperfections que l’amour paternel d’un auteur se pardonne si facilement, lorsqu'il était en jouissance de sa renommée littéraire, lorsque son livre, accueilli dans les écoles de la France, l'était encore plus chez les étrangers qui sont moins sensibles aux recherches du style, et n’attachent de prix qu'à l'exactitude de la version, l’abbé Auger, par un scrupule, ou plutôt par un courage que l'idolàtrie de l’éloquence pouvait seule inspirer, concut et exécuta le projet de retravailler son Démosthène, et il le refondit en entier avec une ardeur nouvelle. Lisez la préface de cette seconde édition. Est-il rien de comparable à la modestie de cet excellent homme, qui s’accuse luimême au milieu de la reconnaissance publique, et se reproche des fautes de style avec la même