Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

ÉLOGE D'ATHANASE AUGER 237

ment où nous nous retirions, je vois l’abbé Auger qui, pendant tout ce temps, avait gardé un silence observateur, s'approcher de lui, croyant enfin être seul. Curieux, je me cache dans un enfoncement de la grotte. Il l’aborde, lui ôte son chapeau, puis le regardant fixement : Connaissez-vous Cicéron? lui demande-t-il ; l’ermite, un peu sourd, se fait répéter. Je vous demande si vous connaissez Cicéron? — Non, répondit le solitaire. — Pauvre homme, s’écrie l'abbé Auger, et à l’instant il lui tourne le dos. Je me rappelle Alcibiade entrant chez un maitre d'école, et le punissant, par un soufflet, de n’avoir point Homère. Ah! sans doute, le plus bel éloge des grands hommes est d’inspirer ainsi un moment d’oubli aux âmes faites pour les sentir |

Dira-t-on encore que l’art de traduire n’est qu’un art mécanique, un métier? Du temps de Durier il était juste, peut-être, de traiter avec cette indifférence un traducteur, c’est-à-dire un de ces hommes à qui le besoin ordonnait de faire un livre, et à qui la nature ne permettait pas de penser. Mais, de nos jours, la traduction a pris un grand caractère ; souvent elle est devenue