Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

238 ÉLOGE D'ATHANASE AUGER

une occasion de créer. J'offenserais la mémoire de l’abbé Auger, si je n’employais pas quelques lignes de son éloge à parler d’un homme qu'il avait connu trop tard, et que, dans les dernières années de sa vie, il consultait sans cesse, écrivain profond et concis, qui a su acquérir une immortalité personnelle, en reproduisant dans notre langue le plus sublime, le plus désespérant des historiens ; cet historien qui a eu tant d’esprit, dont la sagacité prodigieuse égale l'énergie, souvent accusateur et toujours soupçonneux ; qui dit tout, quoiqu’en présence du tyran ; qui cache à la fois ce qu'il révèle; vous parle à l'oreille; vous effraie et vous charme, et vous remplit d'idées immenses, quoiqu’elles restent à compléter ; telles ces ruines dont le voyageur admire l'élévation, et dont les trois quarts sont sous la terre : c’est Tacite.

À côté de M. Dureau de la Malle, traduisant Tacite, et souvent semblable à son modèle, l'abbé Auger rallumait son imagination épuisée parles veilles ; il rajeunissait à l’éloquence; il colorait ses dernières productions des teintes d’une ardeur renaissante., Une remarque que j'ai faite plus d’une fois, non sans un vif intérêt, c’est que