Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

48 VISITE A BUFFON

qu'il lui avait élevée. « Pour une autre fois, me « répondit-il, ilne faut pas diviser l’attention. « Ce sera le sujet de deux lettres. »

Enfin, ne sachant quelle fête me faire, ni comment me témoigner sa joie, voici ce qu'il me dit un jour. Je ne devrais pas le dire; car je vais tomber dans un amour-propre bien plus ridicule et bien moins fondé que le sien; mais la fidélité de ma narration exige que je dise tout ; je parlerais même contre moi si cette même narration l’exigeait. J'entendis donc un matin sa sonnette dont il sonne toujours trois coups, et l’instant d’après son valet de chambre vint me dire : M. de Buffon vous demande. Je monte; il vient à moi, m'embrasse, et dit : « Permettez-moi de « vous donner un conseil »; je ne savais où il en voulait venir, je lui promis que tout ce qu'il voudrait bien me dire serait reçu avec une entière reconnaissance. « Vous avez deux noms, « me dit-il; on vous donne dans le monde, tan« tôt l’un, tantôt l’autre, et quelquefois tous les « deux ensemble. Croyez-moi, tenez-vous-en à « un seul; il ne faut pas que l’étranger puisse « s'y méprendre. »

Il me parla ensuite avec passion de l'étude,