Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

(SEPTEMBRE 1785) 55

je me trouvais. Encore, parmi les livres il me conseilla de ne lire que l’histoire naturelle, l’histoire et les voyages; il avait bien raison. La plupart des hommes manquent de génie, parce qu'ils n’ont pas la force ni la patience de prendre les choses de haut; ils partent de trop bas, et cependant tout doit se trouver dans les origines. Quand on connaît l’histoire naturelle d’un peuple, on doit trouver sans peine quelles sont ses mœurs, quelles sont ses lois. On trouverait presque son histoire civile tout entière; mais quand on connaît de plus son histoire civile, on doit encore plus aisément découvrir et juger ses lois en les combinant, soit avec sa constitution, soit avec les événements.

« Je ne suis pas en peine de vous, me disait & M. de Buffon, pour la première partie; savoir, « pour la morale universelle, vous vous en ti« rerez bien: il suffit d’avoir une âme droite et « un esprit pénétrant et juste; mais c’est lors« qu'il s'agira de découvrir et classer cette mul» titude innombrable d'institutions et de lois; « voilà un grand effort, et digne de tout le cou« rage humain. » Je ne pus m'empêcher de lui faire une observation délicate : et la religion,