Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 247

Il n’aime pas la métaphysique en politique : « Une révolution, dira-t-il, ne peut se faire géométriquement; » il écarte comme byzantines les disputes sur les principes si chères à Robespierre : « Toutes nos altercations tuent-elles un Prussien ? » D'ailleurs, la république de sa pensée intime, n'est ni un couvent, ni un lupanar ; quand le temple de la liberté sera assis, il faudra le décorer : « Nous n’avons point fondé une république de Visigoths ; après l'avoir solidement construite, il faudra bien s’occuper de la décorer. » Il appelait le gouvernement de l’État une manivelle, le cautionnement des fonctionnaires, une rouille de l’ancien régime. « La constitution, dira-t-il, est une batterie qui fait un feu à mitraille contre les ennemis de la liberté. Quoi! vous avez une nalion entière pour levier, la raison pour point d'appui, et vous n’avez pas encore bouleversé le monde! »

De ci de là, quelques métaphores de mauvais goût, qui reçoivent en quelque sorte la marque de fabrique de l’époque : « Rappelons-nous que si c’est avec la pique que l’on renverse, c’est avec le compas de la raison et du génie qu'on peut élever et consolider l’édifice de la société... je me suis retranché dans la citadelle de la raison; j'en sortirai avec le canon de la vérité... »

Il compare volontiers la Révolution à une tragédie, et du même coup bafoue les partisans des deux Chambres : « Il y aura toujours unité de lieu, de