Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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lesquels les rédacteurs du Code ont fait reposer la société conjugale ; il indique comment, placés en face de coutumes diverses ou contraires, ils ont préféré le respect des traditions locales et le maintien d’une sage liberté à l’établissement d’une uniformité absolue. Il insiste sur la nécessité de concilier exercice de l’autorité maritale avec le respect des droits de la femme et la protection de ses intérêts pécuniaires, qui sont en même temps ceux de ses enfants. Enfin, suivant l’esprit de famille jusque dans son acte suprême, il examine la grave question des successions et expose, en quelques pages décisives, les vérités qui la dominent. Admirateur de l’œuvre de 1789, ardent défenseur de l'égalité civile, il condamne sans réserve le système féodal des substitutions, il s’élève contre le droit absolu d’exhérédation que reconnaissaient les lois de l’ancien régime ; mais, en même temps, ennemi de toute législation qui tend à relâcher les liens de famille et à faire prévaloir la réglementation sur l'initiative individuelle, il demande qu’une certaine latitude soit laissée aux pères dans la disposition de leurs biens ; il réclame, pour eux, le pouvoir naturel de récompenser le dévouement, de punir l’iugratitude de leurs enfants, ou de réparer, dans une juste mesure, les injustices du sort, Supprimer ce droit essentiel, comme l’avait fait la Convention, serait, dit Portalis, une entreprise non moins odieuse que vaine : l’inquisition dans le sein des familles révolterait la conscience humaine et l’iniquité de la loien provoquerait sans cesse la violation.

La discussion des règles relatives au mariage et aux