Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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et, à ce titre, il a mérité de rester, malgré les modifications apportées à nos lois civiles, le commentaire général du Code et le lien moral des règles si nombreuses et si diverses que renferme cet immense travail législatif.

Avant d’être discuté en assemblée générale par le Conseil d'Etat, le projet de Code fut communiqué au Tribunal de Cassation ainsi qu'aux vingt-huit tribunaux d'appel de la République, et remanié, d’après les observations de ces divers corps judiciaires, par la section de législation composée de Portalis, Boulay de la Meurthe, Berlier, Emmery, Réal et Thibaudeau. Ces communications multipliées entraïnèrent des retards, et, quelque activité que l’on miît au travail, sous l'impulsion du Premier Consul, le projet de Code révisé ne put être soumis au Conseil d'Etat qu’à la fin de messidor an IX (juillet 1801).

Dans cet intervalle, Portalis se trouva mélé à de graves événements politiques. Lie 3 nivôse an IX, au moment où lé Premier Consul se rendait à l'Opéra, une machine infernale avait éclaté à quelques pas en arrière de sa voiture et tué ou blessé grièvement plus de trente personnes. L’indignation fut grande dans toute la France, et parlout le dévouement et l'amour pour le Premier Consul éclatèrent en manifestations enthousiastes ; mais, comme il arrive d’ordinaire, on s’exagéra le danger et la peur rendit injuste. L'opinion publique, de plus en plus favorable aux idées monarchiques, n’hésita pas à imputer lecrime au parti jacobin et à réclamer côntre lui l'adoption de mesures de rigueur.