Portalis : sa vie, et ses oeuvres

210 PORTALIS sition plus encore avec l'opinion publique qu'avec le Gouvernement.

Le Corps législatif, sans se prononcer aussi nettement que le Tribunat, semblait disposé à le suivre dans la voie dangereuse où il sengageait. Le Code Civil y trouvait peu de faveur; le choix de Dupuis, auteur d’un livre irréligieux sur Origine de tous les cultes, pour occuper le fauteuil de président, était un signe non équivoque des dispositions de FAssemblée à l'égard du Concordat. On reprochait aux mesures proposées par le Premier Consul de porter toutes, à des degrés divers, l'empreinte des idées monarchiques : le traité de paix avec la Russie, en substituant le mot sujets à celui de citoyens ; le Concordat, en renouant l’antique alliance du trône et de l'autel; le Titre préliminaire du Code Civil, en modifiant arbitrairement le pacte fondamental sans l'intervention du pouvoir constituant et en exigeant, pour la mise à exécution de la loi, la promulgation, remise au bon plaisir du pouvoir exécutif.

Tandis qu'une opposition ultra-républicaine se com promettait ainsi par son hostilité systématique, d’autres adversaires, plus logiques et non moins absolus, condamnaient les actes du Premier Consul, et notamment le Code Civil, au nom des principes d'ordre et d’autorité. Refusant leur suffrage à tout ce qui n’était pas l’œuvre du droit divin, ils croyaient découvrir, parmi les articles des nouveaux projets de loi, des dispositions destructives de la famille et de la société, attentatoires à la morale, à la justice, à la raison, et, dans des écrits virulents qui s’imprimaient en Angleterre, ils les dé-