Portalis : sa vie, et ses oeuvres

224 PORTALIS la question sous ses différents aspects : elle a été portée en chaire et à la tribune, on l’a longuement agitée dans les livres, et la scène elle-même en à entendu la discussion. Naguère encore !, malgré l'expérience de plus d’un demi-siècle, la législation actuelle était attaquée devant le Corps législatif et des voix éloquenies en réclamaient la réforme. Il y a là, en effet, un des plus graves et des plus difficiles problèmes que puisse aborder l'esprit humain. Quel sera le droit de l’homme au delà du tombeau? Où finira sa puissance? La loi, faite pour les vivants, admettra-t-elle la continuation de la personne humaine après la mort? Refusera-t-elle au mourant la suprême consolation de placer librement ses dépouilles entre des mains amies? Loi purement matérialiste, admettra-t-elle que l’homme disparaisse tout entier à l'heure dela mort et que sa volonté ne puisse lui survivre? Ou bien, loi imprévoyante et aveugle, permettra-t-elle, sur cette question vitale de la distribution des fortunes, le règne absolu des caprices individuels? De ces intérêts opposés, lequel sacrifierat-elle? La volonté d’un mourant ou la voix de la nature? Le principe de l’indépendance des citoyens ou l'intérêt social? Et, si elle tente une conciliation, dans quelle mesure, dans quel esprit devra-t-elle l’accomplir? Lorsque les principes sont en opposition, l'expérience facilite, d'ordinaire, l'option. Ici, il en est autrement. Chacun des deux systèmes a pour lui de grandes nations, et, dans des siècles différents, des avantages de

1. Discussion de l'Adresse au Corps législatif en 1864 et 1865.