Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CODE CIVIL 229 rigoureusement égal aboutit à la lésion de tous les intérêts.

« Sans doute, ajoute-t-il, on a bien fait, pour la » liberté de la circulation et pour le hien de l’agricul» ture, de proscrire des substitutions absurdes qui » subordonnent les intérêts du peuple vivant aux in» térêts du peuple mort, et dans lesquelles, par la vo» lonté de la génération qui n’est plus, la génération » quiest se trouve constamment sacrifiée à celle qui » n’est point encore. Il est prudent de soumettre à des » règles la faculté de tester et de lui donner des » bornes. Mais il faut la conserver et lui laisser une » certaine latitude. Lorsque la loi, sur des objets qui » tiennent d'aussi près que celui-ci à toutes les affec» tions humaines, ne laisse aucune liberté aux hommes, » les hommes, de leur côté, ne travaillent qu’à éluder » la loi. Les libéralités déguisées, les simulations rem» placeront les testaments, si la faculté de tester est » interdite ou trop restreinte, et les plus horribles » fraudes auront lieu dans les familles, même les plus » honnêtes !. »

Là est la vérité. En matière de successions, comme sur beaucoup d’autres points, les rédacteurs du Code Civil ont transigé, et la vérité, ennemie des solutions extrêmes, s’est rencontrée au fond de la transaction. En laissant au père de famille la faculté de disposer de ses biens et d’avantager ses enfants dans une proportion qui varie du quart à la moitié de sa fortune, le Code

1. Portalis, Discours, rapports et travaux inédits sur le Code Ciou. Discours préliminaire, pages 60 er 61.