Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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était assuré en 1789 !, Sans doute, dès la nuit du 4 août, les ordres privilégiés avaient renoncé aux droits féodaux, et il est incontestable que la lutte qui couvrit ensuite la France de sang et de ruines s’engagea sur des questions de constitution politique, non sur l’organisation civile de la société nouvelle; maïs ce serait uve illusion de croire que l’élan généreux qui entraina l’Assemblée Constituante, dans une nuit justement célèbre, avait à jamais étoufté chez les nobles le désir et l’espoir de recouvrer leurs anciens priviléges. Les dé clarations des émigrés et leur attitude en 1814 sutiraient pour prouver que les principes de l’égalité civile et de la liberté de conscience n’avaient jamais été acceptés qu’en apparence par la noblesse, et qu’à ses yeux, le règlement des droits civils n’avait pas moins d'importance que le vote de la constitution politique de la France. Les partisans de la Révolution savaient, eux aussi, que la lutte était sur ce terrain, et qu'en combattant les émigrés et leurs alliés, ils défendaient plus encore la famille et la propriété modernes que les dispositions plus ou moins discutables d’une charte. Ils comprenaient que le maintien des libertés civiles est le premier bien et le plus grand intérêt politique d’une nation ; ils sentaient que le véritable fondement de la prospérité d’un État est la bonne organisation de là famille, que là où elle est fortement constituée, les mœurs politiques se forment aisément, tandis que, dans les pays où elle s’affaiblit, PEtat se trouve livré

1. M. Edgar Quinei : La Révolution.