Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 247 jour devait venir où l'Empereur serait infidèle à ses propres principes et se montrerait, envers le Pape, aussi injuste qu’il avait été sage et réspectueusement amical j mais, en 1801, rien ne faisait prévoir ces déplorables extrémités. La réconciliation de la France avec Rome paraissait devoir être aussi durable qu’elle était sincère, et le zèle que le Premier Consul mettait à la rendre complète prouvait qu’il en sentait tout le prix.

Son exemple, pas plus que celui de Pie VII, ne pouvait, il est vrai, suffire, dès le début, pour calmer les passions et dissiper les préjugés. En France comme en Italie, les partis extrêmes conservaient toute l’ardeur

.de leurs haïnes, et, plus un rapprochement semblait prochain, plus ils redoublaient d’efforts pour l’empécher. Autour du Saint-Père, s’agitaient ces dangereux. conseillers qui mettent leur gloire à ne rien céder et qui cachent sous le masque du zèle religieux d’implacables rancunes politiques. Émissaires du parti royaliste et défenseurs opiniâtres de l’ancien régime, ils fermaient les yeux à la lumière et persistaient à nier tout progrès, toute amélioration dans l’état intérieur de la France. Pour eux, les faits accomplis n’existaient pas; la volonté de tout un peuple n’était rien. Tant que la France ne courbait pas le front devant les Bourbons et devantla Papauté, tant qu’elle ne reniait pas la Révolution, elle était la nation rebelle et maudite, indigne de paix et de pardon. À entendre ces fougueux ennemis de toute transaction, les ouvertures du Premier Consul étaient inacceptables : ils ne voulaient voir dans sa démarche qu'une manœuvre habile destinée à lui assurer