Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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l'appui du parti conservateur et à rejeter sur le SaintSiége, aux yeux de la masse ignorante, la responsabilité d’unenouvellerupture. Ils considéraient comme une faiblesse la conciliante attitude du Souverain Pontife, et, la calomnie aidant, ils affectaient d’attribuer à dés motifs purement temporels la décision que son ardent amour des âmes avait seul inspirée à Pie VIT. Ils demandaient, du moins, que, si l’on consentait à entrer en relations avec le spoliateur du Saint-Siége, on n’entamäi la négociation que pour lui dicter des lois et le recevoir à merci : ils voulaient la restitution de tous les États de l'Église y compris Avignon, la reconnaissance du catholicisme comme religion dominante en France, le , rétablissement du clergé dans la situation qu’il occupait avant 1789, le désaveu des actes de la Révolution, enfin l'abandon des principes de l'Église gallicane énoncés dans la déclaration du clergé de 1682. Ces prétentions n'étaient sans doute admises ni par le Pape, ni par ses conseillers intimes, tels que les cardinaux Consalvi, Pacca et Caprara; mais le parti qui les formulait était puissant, il était soutenu par tous les émigrés, encouragé par les puissances coalisées contre la France, il avait de nombreux adhérents en Bretagne, dans le midi, à Paris même, et ses manœuvres pouvaient sinon compromettre, du moins retarder le succès des négociations.

Toute différente et plus redoutable était l'opposition du parti républicain et philosophique. Déja froissé du revirement marqué qui, depuis le 18 brumaire, ramenait le Gouvernement au système monarchique, il