Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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audacieuse négation des doctrines révolutionnaires, qu’ils sauraient mettre obstacle aux empiétements du clergé et qu’ils comptaient, pour les y aider, sur le concours de tous les patriotes.

La populace des grandes villes, toujours prête à se jeter dans les troubles dont elle est la première victime, prétait loreille à ces provocations; plus prudente, mais non moins égarée par la fausse philosophie du xvi siècle, la bourgeoisie s’en faisait l'écho; enfin, dans l’armée, dans les conseils du Gouvernement, au Tribunat, au Corps législatif, au Sénat, même au Conseil d’État et parmi les ministres, l'opinion antireligieuse comptait des partisans déclarés ou secrets, dont le nombre était grand et l’activité infatigable.

Ainsi, Bonaparte se trouvait placé entre deux partis opposés dont lesexagérations compromettaient le succès de son œuvre réparatrice. Il fallait répondre à ces deux adversaires et les convaincre d'erreur aux yeux de la France : aux uns, il fallait démontrer l’absolue nécessité et la bienfaisante influence d’une restauration religieuse; aux autres, opposer les droits de l'État, l'intérêt supérieur de la société, l’autorité des Saints Pères et l'esprit même de l’Église. Pour remplir cette double tâche, le Premier Consul avait besoin d’un homme versé dans ces délicates questions, rompu à la discussion, assez éloquent pour convaincre des esprits passionnés, assez modéré pour ne pas Les blesser, d’une piété reconnue et d’un patriotisme au-dessus de tout soupçon. Il le trouva : ce fut Portalis.

Aucun document authentique ne nous fait connaître,