Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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amis, l’abbé Boyer et l’abbé de Coussergues ; enfin l'abbé Émery, ancien supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, vénérable par son âge, sa science et ses vertus. Dans ces réunions amicales où le clergé français était représenté par les esprits les plus éclairés et les plus nobles cœurs, l'abbé d’Astros recueillait, pour ainsi dire, jour par jour, les opinions et les vœux de l’Église gallicane, et son premier soin était de les communiquer à son oncle.

Portalis avait, d’ailleurs, reconnu la nécessité de prendre un autre guide, plus expérimenté. Il eut recours à son vieil ami, l’ancien archevêque d'Aix, Mgr de Cicé de Boisgelin, l’une des plus vénérables figures de l’épiscopat français. Issu d’une grande famille nobiliaire et néanmoins favorable au progrès des idées nouvelles, ce prélat avait, comme membre et comme président de l’Assemblée Constituante, courageusement soutenu la cause de la liberté; mais, lorsqu’en 1791, la promulgation de la constitution civile du clergé l'avait mis dans la nécessité d’opter entre son siége et sa conscience, il s’était réfugié en Angleterre. Pendant les dix années qu’il y avait passées, il avait conservé intacts son patriotisme et sa dignité : il était demeuré constamment étranger aux intrigues politiques dans lesquelles quelques-uns de ses collègues compromettaient leur caractère, et, l’un des premiers, il allait, lors de la publication du Concordat, résigner, en termes admirables, ses pouvoirs épiscopaux entre les mains du Souverain Pontife.

Sous la double influence de l’abbé Émery et de Mgr de Boisgelin, Portalis ne pouvait donner aux négociateurs