Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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mention, parce qu’elle semblait plus régulièrement dévolue à M. de Talleyrand : c’était le soin de préparer la mise à exécution du Concordat, de concert avec le cardinal Caprara, légat du Saint-Siége.

Le nouveau représentant de la cour de Rome ne ressemblait guère à ce ferme et pénétrant cardinal Consalvi qui venait de signer le Concordat, après une négociation dont il nous a laissé le récit, et qui s’est montré tour à tour si profond admirateur et si ardent adversaire de Napoléon. Patient et souple, défiant et courtois, cachant sous les formes les plus douces une invincible ténacité, doué du tact le plus sûr et d’une rare finesse, Consalvi avait su merveilleusement conserver sa dignité dans une position difficile et faire quelquefois prévaloir sur la volonté du Premier Consul les légitimes exigences de la cour de Rome.

Le cardinal Caprara venaità Paris dans des dispositions bien différentes. Affaibli par l’âge, naturellement doux, conciliant et timide, il était encore épouvanté des orages de la Révolution, et la signature du Concordat, conelu si peu de temps après l'inauguration du culte dé la déesse Raison, lui paraissait un miracle. Le Premier Consul était, à ses yeux, un envoyé de la Providence, et il ne pensait pas qu'on pât jamais avoir pour lui trop de condescendance et de gratitude. Il savait, d’un autre côté, combien il était facile d’exciter sa redoutable colère, et il tremblait, à tout moment, qu'une résistance téméraire ne remit en question la paix religieuse. Il n’osait, cependant, négliger entièrement l'exécution des ordres que lui adressait la cour de Rome;