Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 258 mais, placé entre ses scrupules de conscience, la crainte de manquer le but et celle de déplaire, il parlait avec faiblesse, insistait avec une répugnance visible, priait, suppliait humblement lorsqu'il était en droit d'exiger, se débattait longtemps sous la pression du Premier Consul, demeurait en proie à une perplexité pénible pour les autres comme pour lui-même et finissait toujours par céder, après avoir pris Dieu à témoin de ses regrets et, de ses bonnes intentions.

Portalis avait, dès le début, à résoudre avec ce sin gulier négociateur deux problèmes ardus et d’une importance capitale. Le Concordat était signé; mais, avant qu’il devint loi de l’État, avant même qu'il pût être présenté au Corps législatif, il fallait le compléter en rédigeant les règlements relatifs à l'exercice du culte; il fallait, en outre, préparer, de concert avec la cour de Rome, la réorganisation de lépiscopat. Or, on ne pouvait reconstituer l’Église de France sans se prononcer sur le schisme qui séparait le clergé constitutionnel des prêtres réfractaires, ni réviser la législation sur la police des cultes, sans aborder la grave question des libertés de l'Église gallicane et fixer les rapports de l’Église avec l'État.

La première et probablement la plus grave difficulté consistait dans le choix des évêques. L’assenti ment de la cour de Rome était nécessaire ; et, dès les premières paroles échangées sur ce sujet entre le cardinal Consalvi et le Premier Consul, le désaccord s’6tait manifesté. Le Concordat obligeait, sans doute, le Pape à provoquer la démission des titulaires des anciens