Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 257

ment moral pour l’Église, une menace permanente pour la tranquillité publique, et il jugeait que, du moment où les prêtres constitutionnels promettaient de se rapprocher de la cour de Rome, le meilleur moyen de prévenir le retour des discordes religieuses était de montrer aux fidèles les adversaires de la veille publiquement réconciliés. Il pensait qu’au sein d’une nation imbue des principes de la Révolution, le sacre d’évêques qui en avaient, dès sa naissance, embrassé la cause, ne pourrait que rendre la religion plus populaire ; il voyait, enfin, pour lui-même, un avantage évident à choisir des évêques qu'aucune sympathie ne rattachait à la dynastie déchue, que tout liait, au contraire, à la cause du gouvernement consulaire et qui avaient prouvé dans quelle large mesure ils admettaient l'intervention de l’État en matière religieuse. Quant aux difficultés que devait rencontrer la fusion de l’ancien clergé avec le nouveau, Napoléon les croyait moins grandes en réalité qu'en apparence; il comptait sur les vertus évangéliques de quelques-uns des prêtres constitutionnels pour faciliter la réconciliation, et il ne lui déplaisait pas de l’imposer, au besoin, à la cour de Rome.

Ces considérations décisives, aux yeux du Premier Consul, l’empêchaient de tenir compte des résistances du Saint-Siége et des raisons assurément graves que faisaient valoir les partisans de l’ancien clergé. Ceux-ci objectaient que, le monde religieux étant un monde à part, il fallait se garder de lui appliquer les mêmes règles qu’au gouvernement temporel des peuples; ils

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