Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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rappelaient au Premier Consul que, dans le domaine de la conscience, la transaction est difficile, la contrainte inefficace, et ils démontraient, avec l’autorité de l’histoire, qu’en matière religieuse, une réconciliation imposée, loin de calmer les haines, les excite et les perpétue. Ils justifiaient facilement la répulsion du Pape pour des prêtres qui avaient violé leurs vœux ; ils insistaient sur la vive sympathie des populations rurales pour leurs anciens pasteurs, sur leurs sentiments de méfiance contre les prêtres constitutionnels; ils ajoutaient enfin qu'après avoir retranché du clergé orthodoxe certains éléments dangereux, il était juste de l’indemniser, par une réparation complète, des longues souffrances qu’il avait endurées, et qu’en amoindrissant sa position, on risquerait d’affaiblir la religion elle: même et de dénaturer le grand acte du Concordat. Portalis partageait entièrement cette opinion. Ses liaisons, ses souvenirs, ses sentiments religieux le rapprochaient de l’ancien clergé. Il était loin, sans doute, de méconnaître les qualités des constitutionnels et de manifester contre eux l’aversion implacable et passionnée qu'exprimaient la plupart des prêtres réfractaires. Il se montrait animé envers le clergé asser. menté de cet esprit de tolérance qui fut toujours l’un des traits Les plus honorables de son caractère ; cependant, ilne pensait pas qu’il fût convenable d’en appeler les membres aux plus hautes fonctions ecclésiastiques. Il croyait que, le jour où le gouvernement consulaire se réconciliait avec la cour de Rome, il devait effacer les derniers vestiges du schisme républicain et en ré-