Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 239 pudier hautement les traditions. À plusieurs reprises, 1 tenta de faire partager sa conviction au Premier Consul; mais ses efforts furent infructueux. La contradiction ne faisait qu'irriter Bonaparte. Son parti était pris : quinze à vingt des soixante siéges épiscopaux devaient être occupés par des constitutionnels.

Le Premier Consul avait fait pressentir au légat ses intentions à cet égard, dès la première audience : on approchait du 18 brumaire, et Bonaparte aurait aimé à célébrer, par la publication de la paix religieuse, l'anniversaire du coup d’État qui lui avait donné le pouvoir. Le cardinal Caprarà ne dissimula ni sa surprise, ni sa douleur, et il formula ses objections avec plus de fermeté qu'on n'aurait pu l’attendre de lui. Le Premier Consul se contenta d’avertir le légat qu’il aurait à continuer la discussion avec Portalis; mais, les démissions de plusieurs des anciens évêques s'étant fait attendre, les bulles du Saint-Siége arrivèrent après le 18 brumaire, et la grande solennité nationale que Bonaparte projetait dut être ajournée aux fêtes de Päques.

Dans cet intervalle, le légat eut le loisir de connaître à fond Portalis et de se lier d’amitié avec lui. La piété profonde et sincère, la science, l’éloquence, l’affabilité du Conseiller d’État chargé des cultes séduisirent le cardinal Caprara et lui firent augurer favorablement des dispositions du gouvernement consulaire. Le Premier Consul, qui s’était d’abord montré exigeant et emporté, prodiguait, d’ailleurs, les plus gracieux égards à l’envoyé du Saint-Siége; il ne parlait plus