Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 261

paix religieuse et de compromettre, par une résistance intempestive, les immenses résultats acquis. Portalis jugea donc qu’il avait satisfait à sa conscience en essayant de faire passer une liste dressée selon ses convictions, et il courba la tête sous l’impérieuse volonté du Premier Consul.

Il s’efforça, du moins, d’abréger la résistance que le légat allait inévitablement opposer et qui pouvait tout remettre en question. Il eut soin de choisir, parmi les constitutionnels, des prêtres irréprochables, et, lorsqu'il fallut, à la veille de la publication du Concordat, obtenir pour eux l'institution canonique, il ne négligea rien pour dissiper les scrupules du cardinal Caprara et pour le convaincre de la nécessité absolue de céder au Premier Consul, afin d’éviter une rupture. La situation était pénible pour Portalis comme pour Caprara : l’un ayant à défendre un clergé dont il n’approuvait pas la conduite et à faire prévaloir une liste qui lui était imposée, l’autre se trouvant placé entre les instructions impératives de la cour de Rome et les injonctions de Bonaparte. Par malheur, les évêques constitutionnels, qui auraient dû s’efforcer de faciliter l’entente, ne se montraient nullement conciliants. Le légat avait demandé que, du moins, on leur fit signer une lettre contenant le désaveu de leurs erreurs passées et un acte de soumission aux décisions du Saint-Siége; mais ils s’y refusèrent tous et prétendirent qu’il leur suffisait de prêter serment d’obéissance au Concordat, comme les non-constitutionnels. Le Premier Consul les encourageait ouvertement dans