Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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cette attitude, déclarant qu’une rétractation serait une làcheté, qu’il ne la tolérerait pas, qu'aucune inégalité ne devait subsister entre les nouveaux élus, et que, si tous, sans distinction, n'étaient pas institués avant la fête de Pâques de 1802, le Concordat ne serait pas publié.

Ce fut à Portalis que se trouva naturellement confiée la délicate et pénible mission de faire subir au cardinal Caprara les exigences du Premier Consul. Secondé par l'abbé Bernier, il y parvint, la veille même de Pâques, après s’être épuisé en discussions souvent fort vives avec le légat et en démarches conciliantes auprès des évêques constitutionnels. Il fat convenu que le cardinal Caprara se contenterait de la lettre à peu près insignifiante que les évêques constitutionnels consentaient à lui écrire et dont ils avaient concerté les termes avec Portalis ; mais on lui promit que, pour sauver les apparences, la réconciliation des évêques constitutionnels avec le chef de l’Église serait annoncée par la voie de la presse, et que, de plus, ils abjureraient leurs erreurs en présence de deux prélats de l’ancien clergé, Mgr Bernier et Mgr de Pancemont. Qu'advint-il de ces promesses, dont l’exécution était la condition absolue de l'institution des nouveaux évêques? Il est difficile de le dire ; car, quelque temps après la publication du Concordat, au moment où l’abbé Bernier et l’abbé de Pancemont attestaient le vif repentir et la sincère réconciliation des évêques constitutionnels, ceux-ci déclaraient publiquement persister dans leurs opinions antérieures et rentrer sous l’autorité du Saint-Siége