Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 253

aux mêmes conditions que les évêques choisis parmi les prêtres réfractaires. Il serait téméraire de se prononcer entre ces deux assertions contradictoires ; mais, de quelque côté que fût la vérité, ces débats acerbes, qui allaient se prolonger pendant plusieurs années, durent être douloureux pour le caractère pacifique et l’esprit conciliant de Portalis. On voudrait, sans doute, le trouver plus ferme et plus résolu en face du Premier Consul ; on regrette surtout de le voir, vers la fin des négociations, pousser jusqu’à ses dernières limites l'insistance auprès du cardinal Caprara, pour obtenir l’adhésion du légat à des choix que lui-même blämait au fond du cœur. Il y alà une faiblesse de caractère que tout historien impartial ne peut s'empêcher de reconnaître, mais que les circonstances expliquent dans une certaine mesure et que justifie presque l’irrésistible ascendant du Premier Consul sur tous ceux qui l'ont approché !.

4. M. le comte d'Haussonville nous paraît avoir été bien sévère pour Portalis, dans son ouvrage sur l'Eglise romaine et le premier Empire.:Après avoir rendu à la pureté de ses mœurs, à sa probité, à ses talents un hommage qu'il est difficile de lui refuser, le savant historien ajoute : « … M. Portalis, par conscience sans doute, » mais aussi par inelination naturelle et, disons-le, par faiblesse » de caractère, élait un instrument toujours souple et docile aux » mains de ceux qui employaient à leur profit sesgrandes qualités. » Avec l'esprit d'un sage, il avait l’âme d’un subalterne... » (L'Églisè romaine et lepremier Empire, tome Ier, page 157.)

Nous ne pouvons que protester contre ce jugement, dans lequel l'expression semble dépasser, par son excessive rigueur, la pensée de l'écrivain. Si M. d'Haussonville avait connu toute la vie de Portalis, iln’aurait pas attribué une dme de subalterne à l'homme coura-

geux qui risqua ses jours pour sauver deux accusés innocents des fureurs de la populace, qui prononça en janvier 1793 l'apologie de