Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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Tandis que Portalis suivait les difficiles négociations dont on vient de voir la conclusion, une autre tâche, non moins délicate, lui était dévolue : avocat officiel du Concordat, il avait à le défendre publiquement contre les attaques du parti philosophique et contre les ceritiques des ultramontains.

Il dut combattre d’abord les ennemis du christianisme, dont les forces étaient considérables à Paris et qui préparaient une résistance énergique. Le Conseil d'État, auquel le Premier Consul avait annoncé luimême la signature du Concordat, avait accueilli cette nouvelle avec un déplaisir mal dissimulé ; le Tribunat en demandait hautement le rejet et le Corps législatif paraissait de même prêt à le repousser.

Ce fut dans ces circonstances critiques que Portalis

Louis XVI, qui brava, au sein du Conseil des Anciens, les menaces du parti conventionnel, et qui, sous le Consulat, se constitua l’éloquent avocat du christianisme et du Concordat devant une assemblée hostile et en face d'une société incrédule. Sans doute, si Portalis fut inaccessible à la crainte, il ne sut pas toujours résister assez énergiquement à la volonté dominatrice de Napoléon; mais qui pouvait, en 1802, se soustraire au triple ascendant du génie, de la gloire et de la puissance du Premier Consul ? Portalis le subit, comme le subissaient alors les esprits les plus fiers et les plus libéraux, Camille Jordan, Chateaubriand, et ii accomplit, sous cette impulsion, tout le bien qu’on pouvait attendre de lui. Des écrivains, peu suspects de préventions en faveur du régime impérial et des libertés gallicanes, l’ont reconnu. L’un d’eux écrit ces lignes : « .… Les contemporains de Porlalis, juges mieux » informés du bien qu'il fit et des difficullés qu’il rencontra, lui » rendirent une justice que nous lui refusons souvent. Tous les » gens de bien regardèrent sa perte comme un deuil pour l'Église » plus encore que pour l'État. Le principe de nos erreurs sur son » œuvre, c’est que nous le jugeons d’après les idées et les facilités » de notre temps. Mais, si nous le plaçons entre l’absolutisme de