Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 265

présenta au Conseil d'État le Concordat et les articles organiques. Un exposé des motifs précédait le projet de loi. Portalis y définissait, tout d’abord, la mission de l'État en matière religieuse, ses droits et ses devoirs vis-à-vis de l’Église :

« .…. Tout gouvernement, disait-il, exerce deux » sortes de pouvoirs en matière religieuse : celui qui » compète essentiellement au magistrat politique en » tout ce qui intéresse la société, et celui de protecteur » de la religion elle-même.

» Par le premier de ces pouvoirs, le gouvernement » est en droit de réprimer toute entreprise sur la tem» poralité, et d'empêcher que, sous des prétextes reli» gieux, on ne puisse troubler la police et la tranquil» lité de l’État; par le second, il est chargé de faire

» Napoléon d’un côté, el l’athéisme révolutionnaire de l’autre, à » une époque où toutes les influences politiques lui étaient oppo» sées, où il fallait cacher le cardinal-légat et sa croix dans des » voitures pour ne point prêter à rire, et faire marcher les géné» raux au Te Deum de Notre-Dame par force, comme des écoliers » mutins, on comprendra que M. Portalis a été viclenté plus que : coupable, et qu’il doit être plaint plulôt que blèmé. Du reste, si » on s’obstine à le blâmer quand même, ce ne doit êlre qu'avec re» connaissance, Car ses faules ont été heureuses dans ce sens qu’en » le maintenant au pouvoir, elles nous ont préservé d’un aulre mi» nistre en des Lemps où il n’était pas un seul homme capable de » faire moins de mal que lui. » (Vie du cardinal d'Astros, archevêéque de Toulouse, par le R. P. Causseite, pages 112 et suivantes.)

Voilà comment Portalis est jugé par un adversaire déclaré des articles organiques. Nous ne souscrivons pas entièrement à cette appréciation ; mais il nous a paru nécessaire de la mettre sous les yeux du lecteur. Après l’avoir reproduite, nous ne pouvons altribuer qu’à une inadvertance l’excessive sévérité de M. le comte d'Haussonville.