Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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» jouir les citoyens des biens spirituels qui leur sont » garantis par la loi portant autorisation du culte qu'ils » professent !. »

A l'appui de ce principe, Portalis invoque la pratique constante de tous les gouvernements, Fesprit de la religion, l’assentiment de la majorité du clergé catholique et les déclarations réitérées de l'Église de France. Il ajoute:

« On ne doit jamais confondre la religion avec » l'État: la religion est la société de l’homme avec » Dieu; l’État est la société des hommes entre eux.

> Or, pour s’unir entre eux, les hommes n’ont be» soin ni de révélation, ni de secours surnaturels ; il » leur suffit de consulter leurs intérêts, leurs affections, » leurs forces, leurs divers rapports avec leurs sem» blables ; ils n’ont besoin que d'eux-mêmes ?. »

Rien n’est plus vrai que cette distinction fondamentale, qui contient, en substance, la réfutation sans réplique de la théorie du droit divin. Il est certain, en effet, que, si l'État et l'Église sont tous deux enfants de Dieu, eñ ce sens que les deux sentiments humains auxquels ils répondent, l'instinct de sociabilité comme l'instinct religieux, ont été gravés par la main de Dieu au fond de notre âme, ils n’ont, cependant, de commun que l’origine. Mode de création et de propagation, but et moyens d'influence, tout les distingue l’un de l’autre. Leurs voies sont séparées et parallèles; leur alliance

4. Portalis, Discours, rapports el travaux inédits sur le Concordat de 4801. Paris, Joubert, 1845, 1 vol. in-8, page 85. 2. Portalis, Ibib., page 86.