Portalis : sa vie, et ses oeuvres

LE CONCORDAT 267

est naturelle, mais elle ne saurait jamais entraîner, ni pour l’un ni pour l’autre, l’aliénation de son indépendance. La société tire d'elle-même sa raison d’être et ses moyens de conservation, ses prérogatives et sa légitimité : nul, parmi les esprits impartiaux, ne saurait le contester ; mais il faut se souvenir que la vraie légitimité a pour fondement et pour condition le respect des droits d'autrui. Or, plus l'État exerce, de l’aveu de tous, une grande et salutaire autorité, plus il a le strict devoir de ne porter aucune atteinte aux droits primordiaux des citoyens dont il se compose et de ne jamais attenter ni à la sécurité de leur personne, ni à la liberté de leur intelligence, ni surtout à la majesté de leur conscience.

Il semble, cependant, que Portalis ait, un instant, perdu de vue cette loi des sociétés dans le passage suivant :

« La question de savoir si le chef d’une société reli» gieuse ou tout autre ministre du culte a un pouvoir » sur les États se réduit aux termes les plus simples :

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chaque homme, par la seule impulsion de la loi naturelle, n'est-il pas chargé du soïn de sa conservation ? Ce que chaque homme peut pour son salut individuel, pourquoi le corps politique, qui est une vaste > réunion d’une multitude d’hommes, ne le pourrait-il » pas pour leur salut commun? La souveraineté est-elle autre chose que le résultat des droits de la nature » combiné avec les besoins de la société !? »

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1. Portalis, Discours, rapports et travaux inédits sur le Concordat, page 87.