Portalis : sa vie, et ses oeuvres

SES DERNIÈRES ANNÉES ! 307 frappe nos regards? Qui voyons-nous à la tête de cette puissante aristocratie, qui conserve, par des prodiges de sagesse, une autorité contraire à l’esprit du siècle? Des hommes formés à la même école que nos anciens magistrats : leur jeunesse s’est écoulée sans bruit dans l'étude, dans les voyages, dans les sévères travaux de la pensée, dans le culte des grands modèles que nous ont légués les siècles passés; le jour où ils se mélent aux luttes politiques, loin de déserter ce culte, ils y cherchent la source des inspirations puissantes, et, quand la vieillesse ou la politique les force à la retraite, ils entretiennent encore, dans de sérieux ouvrages, leurs concitoyens des passions et des destinées de l’homme, comme ils leur parlaient naguère, à la tribune, du rôle de l’Angleterre parmi les nations. Lord Chatam, Burke, Canning, lord Walpole, lord Brougham ont donné l'exemple, et leurs successeurs, que nous voyons au premier rang des orateurs pars lementaires, continuent leur tradition.

La France aurait à opposer de nobles figures à ces princes de la parole dont la voix remplit encore les échos de Westminster. Comme exemple, si nous ne craignions d'exprimer trop faiblement un sentiment général de respect et d’admiration, nous pourrions montrer un homme d’État illustre descendant sans amertume du faîte des grandeurs, pour revenir aux études de sa jeunesse et pour consacrer à la défense de l’ordre moral une éloquence agrandie et fortifiée par la longue pratique des débats politiques; on le verrait