Portalis : sa vie, et ses oeuvres

SES DERNIÈRES ANNÉES 369 trempée à la source de l'inspiration religieuse, sera, de plus en plus, le levier qui soulèvera le monde. Son cœur et sa raison lui avaient révélé combien toutes les tâches sont lourdes et décevantes pour qui travaille sans un but élevé, et il sentait que, le jour où la vivifiante lumière de l’idée de Dieu viendrait à s’affaiblir en Europe, nos sociétés vieillies ne tarderaient pas à tomber dans le désordre et la corruption. L'histoire lui donne, chaque jour, raison, et, pour s’en convaincre, il suffit de comparer à la vitalité prodigieuse de quelques petits peuples qui pratiquent la justice, sous l’œil de Dieu, la radicale impuissance de ces nations gigantesques qui ont fondé l'édifice de leur grandeur sur le mépris du droit et de l'humanité.

Portalis n’est pas seulement un ardent propagateur des principes de la morale; il est, de plus, un caractère. Sa figure se détache de la foule, son penchant l’attire vers les causes délaissées. Toute sa vie en témoigne : qu'il s'agisse d'introduire au Palais un genre nouveau d’éloquence ou de battre en brèche les paradoxes d’un grand esprit égaré, qu’il faille attaquer le gouvernement républicain au lendemain de la Terreur ou défendre le christianisme devant une assemblée d’incrédules, il ne recule point : son âme libre refuse de s’incliner devant les erreurs de l’opinion publique, sa conscience le soutient dans la lutte, et le succès récompense son courage.

Ces natures fortement trempées abondaient au Moyen Age, elles étaient encore nombreuses au xvu° siècle; mais, depuis le dernier siècle, elles deviennent de plus

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