Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, S. 240
LEGISLATIVE. 20
vait exercer qu’au milieu de la paix; il avait d’ailleurs à réparer les désordres occasionnés par le génie inquiet etturbulent de son frère. Nul prince n’était moins fait que lui, pour être à la tête d'une croisade. Le roi de Prusse {Fréderic- Guillaume) avait moins d'intérêt, mais plus de penchant à s'emparer de ce rôle. Tous les genres d’exaltation agissaient sur lui, Il cherchaït l’extraordinaire, le merveilleux, et montrait une singulière crédulité pour les plus extravagantes réveries. Son ame avait de l’ardeur; il était susceptible de l'enthousiasme mili taire. Ce roise fit, pendant quelque temps, chevalier. Une fatale expérience l’avertit ensuite de rentrer dans la politique du grand Fréderic.
Un autre monarque secondait plus puissamment]Janouvelle ligue qu’il ambitionnait de diriger ; c'était Gustave , roi de Suède. Il se croyait appelé à venger les rois humiliés ; lui qui, si jeune, avait, par la plus habile et la plus prompte des révolutions, affranchi sa couronne des outrages d’une orguecilleuse aristocratie. Îl était avide de gloire , comme ceux de ses ancétres qui en obtinrent le plus. Son activité était prodigieuse: on lui accordait un esprit étendu et fécond en ressources; il avait déjà signalé sa bravoure; il était l'espoir et l’idole des émigrés.. Le crime d’Ankarstroem priva la coalition du seul roi qui eût pu donner de la franchise à ses intentions , et attacher quelque gloire à ses entreprises.
À n’en juger que d’après les promesses, les princes français n'avaient pas un protecteur plus passionné ni plus puissant que Catherine II. Nul souverain n’avait exprimé plus fortement qu’elle, son horreur pourlarévolution française , elle qui avait flatté par tant d’hommageset tantd’adulations, cettephilosophie francaise, dont la révolution était présentée comme l'ouvrage, Séduits par ses promesses, et par quelques libéralités, les royalistes français l’absolvaient de son crime. Elle trompait les royalistes, elle trompait toute la coalition. Une guerre difficile et lointaine n’offrait à sa politique aucun dédommagement, et c'était par le dernier démembrement de la Pologne que devait se terminer la gloire de son règne, et la fastueuse annonce de ses grandes entreprises,
Tandis que les principaux empires du Nord conspiraient, ou feiguaient de conspirer le renversement de la révolution française , quelques faibles états seuls se déclaraient » par le fait, en hostilité. Sur les confins de France, l'électeur de Trèves, les évêques de Spire et de Strasbourg, laissaient se rassembler en armes les émigrés. Leurs légions se grossissaient. On ne pouvait croire que de tels mouvemens se fissent sans l’aveu du chef suprême de l'empire, qui, pourtant, gardait abstinément
NA 87;
LE
le silence. € ; LÉ j RE