Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, S. 263
——_LIVRE SECOND.
LÉ cour était éperdue; plusieurs des ses conseillersl’abandon. maïent ou restaient intérdits. On vit qu’il fallait changer de sysième, L'exemple du roi d'Angleterre, qui souvent choisit ses ministres parmi les membres de l’opposition , fut présenté comme la règle de conduite pour le roi des Français. Il n’était plus temps d'affronter le parti tout puissant de la Gironde ; il fallait le calmer, en lui offrant de la domination pour ses créatures et ses amis, Louis céda; il était habitué à le faire avec un entier oubli de sa dignité; il demanda ses nouveaux minis tres aux accusateurs de Delessart. Les républicains lui donnèrent Dumouriez, Servan, Roland, Clavière et Duranton. Ils étaientmembresdecette mémesociété de jacobins quele prince de Kaunitz avait si vivement attaquée. C'était Dumouriez qui succédait à Delessart. Il avait des qualités supérieures à celles mêmes d'un brillant aventurier; il était cependant éloigné d'être un grand homme. L’extrême mobilité de son caractère et de ses idées , lui fit prendre sans cesse des rôles différens : il voulut depuis faire honneur àsa politique, de ses continuelles métamorphoses, L’obscurité lui faisait violence , le désordre de ses affaires le pressait, il voulait de la gloire, et ne craignait pas le scandale. Indifférent sur tous les partis, il choisissait celui qui lui faisait le plus de promesses. Il avait d’abord montré si peu de zèle pour la révolution , qu’il avait présenté au roi an plan habile et vigoureux, pour prévenir l’insurrection du 14 juillet. Bientôt il s'était lassé d’une opposition qui lui fermait tout accès aux places. Maintenant il était lié avec les républicains, sans aimer ni eux, ni leurs principes. Il avait séduit le plus clairvoyant de tous, Gensonné, qui fut l’auteur de son élévation. Elle lui causa une telle ivresse, qu'il vintau milieu des jacobins, protester qu'il suivrait toujours leur inspiration et leurs conseils. 1] couvrit sa tête d’un bonnet rouge, parure alors méprisée, et depuis odieuse, qui n’était guères portée que par les jacobinsles plus ignobles. Cette complaisance desflatta médiocrement, etfrappa Dumouriez d’unlongridicule. En général, sa légéreté, sa présomption , dérobaient le presSentiment de ce qu’il allait devenir. Les constitutionnels en cela très-im prudens, ne lui témoignèrent que défiance et dédain. Dès qu'il se vit auprès du roi, ilse sentit ému d’un sentimentdecompassion pour le sort de ce monarque,et d'admiralion pour ses vertus privées, Il s’offrit à lui comme un libérateur, sollicita son entière confiance, et ne l’obtint pas. Louis n’estimait dans les hommes que les qualités analogues à celles