Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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notre auguste et malheureux frère. Cette grace lui est refusée: on prétend qu’il fut appuyé, dans sa demande, par le général Clairfait, qui commandait un corps autrichien de 15 mille hommes.
Déjà le roi de Prusse a envoyé vers Dumouriez; celui-ci se montre disposé à entrer en négociation. Le général Kalkreuth et lui sont déjà convenus de plusieurs points. Les mystères de cette négociationn’ont pas encore été bien dévoilés parle temps; quand on lit avec impartialité ce qui a été rapporté à cet égard, on peut croire que ces mystères sont réduits à très-peu de chose. La plus invraisemblable des suppositions a été quelque temps accréditée ; on disait que les révolutionnaires avaient offert au roi de Prusse et au duc de Brunswick des sommes considérables pour les décider à la retraite, On a été jusqu’à faire un rapprochement insensé de l’époque du vol du GardeMeuble , avec celle de la capitulation. Il est certain que les révolutionnaires n’avaient point des sommes considérables à offrir, que s'ils les eussent eues, ils en auraient fait un tout autre emploi. Le caractère du roi de Prusse ne peut le faire soupconner d’un tel excès de bassesse, et sur-tout cette imputation dirigée contre le duc de Brunswick, n’est qu’une calomnie grossière et délirante,
On a donné un motif moins injurieux à la retraite du roi de Prusse, en avancant qu’il ne l’avait ordonnée qu’à la sollicitation du malheureux Louis XVI ; que celui-ci lui avait écrit de sa prison pour lui représenter qu’une mort certaine le menaçait lui et tonte sa famille, si l’armée prussienne s’approchait davantage de la capitale. Cette anecdote a été appuyée d’abord par nombre de témoignages qui se trouvent aujourd’hui démentis. Louis XVI a constamment nié à tous ceux qui eurent sa confiance , dans ses derniers momens, qu'il eût écrit cette lettre. Cependant il n’était pas éloigné de croire qu’on avait pu imiter son écriture : il se rappelait (on prétend tenir ce fait de deux amis de Malesherbes) que le duc d'Orléans savait imiter son caractère, et cependant Louis, par l’indul-
ence naturelle à son ame, répugnait à penser que son parent, dans de telles circonstances , eût fait usage de ce dangereux talent. Quoi qu’il en soit cette lettre même, en supposant qu’elle eût existé, n’eût été que le prétexte, et non le motif principal de la retraite du roi de Prusse.
La convention faite entre ce monarque et Dumouriez, n’eut aucune disposition publique; mais il est hors de doute que le général français promit au roi de ne point inquiéter sa retraite, et que celui-ci s’engagea à rendre Longwy et Verdun. Les Autrichiens ne furent point consultés dans cette négociation ; Dumouriez fit entendre qu’il allait tourner toutes ses for-